(résumé)
Lors qu’en 1919, le Volstead Act frappe d’interdiction la consommation d’alcool aux Etats-Unis, le champagne se trouve particulièrement affecté. Le marché américain représentait jusqu’à 4 500 000 bouteilles sur la trentaine de millions bouteilles vendues chaque année avant la guerre de 1914. Or, la révolution russe vient déjà de fermer ce qui fut jadis l’un de ses grands débouchés. Le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne va alors devenir l’un des acteurs majeurs de la lutte menée par les professionnels de toutes les régions viticoles pour l’abolition de cet interdit en participant à la création de la Ligue internationale contre les prohibitions, qui développera tout un discours mettant en opposition les spiritueux, véritables responsables de l’alcoolisme, contre les vins, meilleurs alliés de la tempérance.
A côté de cet engagement officiel, les négociants champenois n’hésitent pas prendre part à la contrebande en nouant des contacts avec les bootleggers. Leur action est même coordonnée par un comité spécial créé par le Syndicat du commerce des vins de Champagne et présidé par Marcel Heidsieck, chargé de codifier les prix des vins transitant par Saint-Pierre et Miquelon et le Canada. La fin de la prohibition ouvre de nouvelles problématiques : comment prendre ses distances vis à vis des bootleggers qui n’hésitent pas à exercer parfois un chantage sur les maisons et cherchent à maintenir des réseaux parallèles ? Comment éviter que la politique prohibitionniste cède la place à une politique protectionniste visant à favoriser la renaissance des vins californiens ? Comment reconquérir le goût des consommateurs alors que la Prohibition a favorisé les alcools forts au détriment du vin ?
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